L'Intuition chez Bergson

De la part de Pierre Bourdis

restitution à Allériot : 2 avril 2019

 

 

Pour connaître Bergson par François Meyer

 

Résumé du Chapitre 4

L'intuition

 

 

1 : Grandeur et misère de l'intelligence

–        Intelligence et matérialité

–        L'Intelligence et le mouvant

 

2 : Simplicité de l'intuition

–        le relatif et l'absolu

–        intuition et analyse

–        Intuition, durée et esprit

–        intuition et création

–        création et émotion

 

Après une description de l'intelligence humaine comme la faculté essentielle de la capacité d'adaptation de l'homme à son environnement, Bergson lui confère des limites utilitaires, incapable par elle seule à révéler les secrets de l'Etre. Cette intelligence humaine, ramené à une faculté de comprendre "se sent chez elle tant qu'on la laisse parmi les objets innertes" propices en tant qu'appui à l'action et à l'industrie.

 

Sur ce constat, Bergson n'envisage pas cette intelligence capable d'ouvrir la porte à l'attention que l'esprit humain peut se prêter à lui-même.

C'est par un autre type de faculté qu'il appelle l'intuition, que se constituera "une science de l'esprit, une métaphysique véritable".

 

 

Pour  différencier ces deux dispositions de l'esprit humain qu'il veut compatibles voir complémentaires, il veut voir l'Intelligence polarisée dans son action sur des objets divisibles qui ne se représente que le discontinu. Elle ne peut comprendre le mouvement que par l'analyse de l'extérieur , le considérant comme une somme de position. Alors comment créer de la mobilité avec des immobilités juxtaposées, alors que la vie n'est que mobilité continue...C e n'est pour Bergson qu'un auxiliaire à l'action, très loin d'une connaissance désintéressée.

 

 

L'Intuition, de son côté a pour capacité à rentrer dans la matière, à carrément s'y fondre pour la comprendre de l'intérieur, seule façon de trouver un chemin pour atteindre l'Absolu. Sa force, selon Bergson, provient de sa proximité de l'essence des choses qui ne saurait "s'apercevoir du dehors, étant intérieur par définition".

 

Cette façon de se transporter à l'intérieur d'un objet "pour coïncider avec ce qu'il a d'unique" Bergson la nomme la Sympathie. Contrairement à l'analyse réalisée par l'intelligence qui ne ferait " que du v^tement de confection", l'intuition par la stratégie de sympathie "habille sur mesure". Bergson accorde à l'intuition une place nettement supérieure à l'intelligence de la nature autorisant l'intuition à se nourrir des fruits de l'analyse, mais n'autorisant pas de passage de l'analyse à l'intuition, comme si l'intelligence vérouillait, limitait l'esprit humain.

 

 

Il explique cette supériorité de l'intuition par sa simplicité de mise en oeuvre par rapport à la laborieuse aventure analytique. C'est pour Bergson le seul chemin possible pour atteindre la connaissance désintéressée, l'analyse nécessitant une distance qui "empêche l'intimité de se livrer".

 

Il explique la puissance de l'intuition par son appui sur la durée. Celle-ci en serait la substance. "Il y a une réalité que nous saississons tous du dedans,...c'est notre propre conscience dans son écoulement à travers le temps....Nous sympathisons sûrement avec nou-mêmes."

Notons le mot "écoulement" "continuel écoulement" de la vie (La durée) qui semble être cette sympathie qui peut, une fois contactée naturellement en soi, servir de stratégie dans d'autres situations, comme trouver la source qui mènera à l'essence des autres hommes, de la nature, de la vie.

 

 

Bergson nous donne comme exemple l'oeuvre du philosophe.

"Avec ce qu'il a lu, entendu"....on peut recomposer le puzzle qui aboutit à une oeuvre, une somme de connaissance qui indique un chemin de pensée. Bergson suggère qu'il est bien plus passionnant de "s'installer dans la pensée du philosophe au lieu d'en faire le tour....Le fruit atteignable "est quelque chose de simple, d'infiniment simple, de si extraordinairement simple que le philosophe n'a jamais réussi à le dire....". Par son oeuvre, il n'aurait réussi qu'à rendre avec une approximation croissante la simplicité de son intuition originelle.

Là, devient accessible l'impulsion originelle, mue par l'exigence de création du philosophe....

Pour Bergson, "ce qui donne à l'oeuvre sa vie,..., c'est l'intuition".

 

 

Quel est le "carburant" de cette intuition créatrice?

Pour Bergson, sans aucun doute, c'est l'émotion. "Non pas seulement parce que l'émotion est un stimulant, parce qu'elle incite l'intelligence à entreprendre, et à la volonté à persévérer"...."Une émotion est un ébranlement affectif de l'âme....un soulèvement des profondeurs"!

Bergson en déduit que cette intuition qu'il appelle "supra intellectuelle" serait un alliage entre la sympathie ( à la recherche de l'originalité dans la durée), et la tension créatrice (en quête de nouveau). Quelque soit sa facette, c'est sa simplicité qui est féconde et pleine.

Par ces notions nous sommes au coeur du Bergsonisme. "toute existence est multiple et divisée vue du dehors, unique et simple vécue du dedans!".

 

Attention : ne pas confondre simplicité avec facilité : L'intuition est le fruit d'un effort de concentration, voie d'accès à l'essence des choses! Contrairement au travail de la pensée...."l'intuition est pénible et ne saurait durer"

 

 

 

 

 

 

 

 

3 :  Art & Sympathie

–        servitude de l'action

–        l'écran du langage

–        Art et sympathie

–        La grâce

 

Bergson prend l'expérience esthétique comme exemple d'accès à l'intuition :

Rien n'est automatique, sinon nous serions tous artistes, en permanence "en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes"...."tout cela est autour de nous, ...en nous, et pourtant rien de tout cela n'est perçu par nous distinctement...Un voile s'interpose, épais pour certains, presque transparent pour d'autres, les poètes et les artistes...!"

Injustice? Non fruit d'un effort qui nous emmène au delà des captations des sens. Sensations du commun des mortels depuis la nuit des temps. Cela nous empêche d'accéder à l'individualité des choses et des êtres. Le langage qui nous a été donné est même un faux semblant nous obligeant à faire du fruits de nos capteurs sensoriels un gigantesque catalogue qui banalise toutes les individualités. Bergson va même plus loin : " Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nous dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu....Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe.

 

 Chez certains, il existe des façons de voir, d'entendre, ou de penser de manière originale : Bergson parle d'un"détachement naturel... qui permet de voir la vie intérieure des choses qu'il verra transparaitre à travers leurs formes et leurs couleurs". Libéré de cette intelligence réductive, ""il réalisera ainsi la plus haute ambition de l'art, qui est ici de nous révéler la nature"....."ils nous disent, ou plutôt ils nous suggèrent, des choses que le langage n'était pas fait pour exprimer"...ils saisiront quelque chose, qui n'a plus rien de commun avec la parole...."ils l'imposeront à notre attention; ils ferons que nous nous y insèrerons involontairement nous mêmes comme des passants qui entrent dans une danse....

Pour Bergson, "l'art n'a d'autre objet que d'écarter ce qui masque la réalité, pour nous mettre face à face àvec cette réalité même"....grâce à un procédé qui serait du même ordre que l'hypnose, nous rendant d'une "docilité parfaite" pour les sentiments exprimés. L'enjeu est la transmission de l'émotion.Pour la musique, ce serait par le rythme, pour les arts plastiques ce serait par la fixité qu'ils imposent à la vie (peinture, sculpture, photographie...) et pour l'architecture, ce serait aussi par un rythme, mais aussi par la répétition des formes...

 

 

La Grâce : l'ultime quête de la sympathie esthétique.

Celle-ci a pour force de nous faire sympathiser avec la durée, si chére à Bergson, synonyme de vie. Il affirme :"Si la grâce préfère les courbes aux figures brisées , c'est que la ligne courbe change de direction à tout moment, mais que chaque direction nouvelle était indiquée dans celle qui précèdait...

 

Bergson ferait de la grâce la mère de toutes les beautés! Il prend à témoin Leonard de Vinci qui aurait dit : "la beauté est de la grâce fixée". Il va même plus loin que Leonard : Il va jusqu'à affirmer que se lit la grâce à travers la beauté "et c'est la bonté qui transparait sous la grâce...évidemment une bonté divine! L'âme a quelque chose à voir dans l'animation de la matière par l'artiste, lui communique quelque chose de sa légèreté et de sa vie....

 

L'antithèse de la grâce, pour Bergson serait le comique, qui serait le fruit d'une mécanique rigide, sans profondeur. Ce ne serait pas de l'art.

 

Car l'art aurait pour vocation "de nous faire pressentir une connaissance désinteressée...une sympathie spirituelle. Mais cette sympathie esthétique est réservée à quelques privilégiés, et d'ailleurs pour eux, rarement!

 

La philosophie aurait pour Bergson un projet de même nature, mais en revanche en donnant à chacun une voie d'accès à la révélation d'une connaissance absolue nous renderait la confiance et la vie. Le philosophe aurait pour projet de donner accès à ces secrets, en tirer les promesses là où l'artiste obtient cette voie par la grâce.

Bergson peut affirmer : "la philosophie nous offrirait ces satisfactions à tous, à tout moment, en réinsufflant la vie aux fantômes qui nous entourent et en nous revivifiant nou-mêmes".

 

Là où la science peut faire accéder au bien être, voir au plaisir, la philosophie peut donner la joie....

 

 4 : Une métaphysique positive

–        Prétendue relativité de la connaissance

 

Après cette description de l'Intuition comme porte d'accès de l'Esprit à lui-même, en une connaissance plus subtile que celle que procure la science grâce notamment au facilitateur d'accès que serait la durée, Bergson, contrairement à Kant qui proclame que toute connaissance est relative, s'émerveille d'apercevoir accessible l'absolu. Il estime que des potentialités "assoupies chez l'homme parle développement relatif de l'intelligence", seraient disponibles pour une connaissance "désinteressée et délivrée des entraves intellectualistes".

 

C'est par cette affirmation que Bergson se sépare des pragmatistes comme un dénommé James qui soutiennent que "la connaissance n'est qu'un ensemble de recettes qui réussissent" mais dénué de capacité à approcher le Vrai. En vrai scientifique, Bergson accorde au duo science/matière les vertus d'un premier socle de connaissance, y voyant la possibilité d'une "science positive"ayant comme objet la matière. Il en vient a revendiquer l'existence d'une métaphysique positive, ayant pour objet l'Esprit et accessible par l'expérience de l'intuition.

 

–        L'intuition, expérience métaphysique.........

 

 

Date de dernière mise à jour : 2019-04-02 21:07:43

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