Civilisation eurpéenne

Sans la foi, la simple défense culturelle ne tient pas !

 

Le 9 mai 2014

Sans pratique et sans transmission, sans fréquentation des églises et des temples, il est vain de défendre la « civilisation » chrétienne.

« Un haruspice ne peut voir un haruspice sans rire », ironisait Cicéron au 1er siècle avant J.-C., signifiant ainsi que la religion romaine traditionnelle ne convainquait même plus ses propres officiants ; mais lui-même n’y croyait pas et ne la défendait que comme élément fondateur et fédérateur de sa société.

Je me garderai de supposer que nos propres prêtres et pasteurs en sont au point des haruspices, mais en parcourant articles divers et commentaires sur les sites, on lit souvent : « Je ne suis pas croyant, mais je reste attaché aux racines chrétiennes de la France et de l’Europe et aux valeurs chrétiennes qui m’ont nourri. » Or, nous savons que deux siècles après Cicéron, le christianisme et d’autres cultes orientaux se répandaient dans le monde romain et que le premier, resté seul en lice, permit ensuite, après l’effondrement de l’empire, de maintenir au long du Moyen Âge, l’héritage de l’Antiquité, mieux encore, de l’intégrer pour former notre civilisation, avec aussi d’autres apports païens (pensons au cycle arthurien).

Mais encore fallait-il, pour réussir cela, que la foi fût réelle, chez les clercs, dans le peuple et l’aristocratie. Autrement dit, l’exemple antique nous montre que sans croyance ou foi éprouvée, vécue, pratiquée, la simple défense culturelle ne tient pas, elle ne donne pas d’exemple, ne nourrit pas les enfants, ne touche pas la majorité instruite ou non, bref elle ne fait pas sens ; encore moins en notre temps de consommation et jouissance immédiate.

Et comme on ne saurait se passer durablement de vie spirituelle (l’homme ne vivant pas de pain seulement !), que la disette spirituelle est dangereuse parce qu’elle pousse à se jeter sur n’importe quel aliment, et souvent de façon aveugle – on a vu les effets mortifères des religions politiques et le danger des sectes entre autres –, il semble bien que la défense purement culturelle du christianisme soit foncièrement stérile.

Elle manque d’élan créateur, se contente de conserver comme les musées (dont la multiplication est significative). Elle ne saurait être un rempart contre la conversion à l’islam de jeunes gens littéralement déboussolés, ou la ré-islamisation de jeunes musulmans à qui les sociétés européennes n’offrent aucune voie spirituelle ; si l’on ajoute la réticence des prêtres catholiques à convertir, même quand on leur en fait la demande (témoignages nombreux), comment n’être pas pessimiste sur notre capacité de résistance – en dehors même du remplacement grand ou petit ou moyen de population ?

Et pourtant les réactions au mariage pour tous, les grandes manifestations de l’an dernier, la patience des Veilleurs, la fréquentation accrue des églises quand les prêtres affichent leur conviction, guident leurs brebis et magnifient leurs rites, le courage récent d’intellectuels (terme détestable mais commode) jettent une lumière nouvelle qui vient montrer que peut-être tout n’est pas perdu.

Encore faut-il en prendre conscience et se montrer cohérent, car nous pouvons être sûrs que sans pratique et sans transmission, sans fréquentation des églises et des temples, il est vain de défendre la « civilisation » chrétienne, la France et l’Europe de nos ancêtres. Nous ne faisons que dresser une faible barrière au bord du vide et de maigres défenses contre d’autres qui n’ont, eux, aucun état d’âme mais une volonté de puissance nourrie de ressentiment.

Date de dernière mise à jour : 2021-07-05 10:14:40